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Liv Tyler "J'ai mis neuf ans à savoir qui était mon père"
Il était une fois une ravissante petite fille qui découvrit totalement par hasard que son vrai papa était une rock-star. Et, comme les fées s'étaient penchées sur son berceau, elle est devenue princesse des elfes dans la trés affendue version cinématographique du "Seigneur des Anneaux". Liv Tyler vivra-t-elle heureuse et aura-t-elle beaucoup d'entants? Si oui, avec qui?
Elle est là en veste molle de lycéenne et jean élimé, ses jambes interminables, alanguies, vont se perdre quelque part sous la banquette de ce wagon de deuxième classe. Dans le sommeil, sa tête s'est trouvé un appui naturel contre la fenêtre. Sa bouche rouge et pleine comme une cerise est entrouverte. Dans l'abandon du sommeil, on voit clairement un petit filet de bave couler le long de son menton. Quand Bernardo Bertolucci nous fait découvrir Liv Tyler dans le premier plan de « Beauté volée », on la voit comme lui : une Lolita, encore une. Dans le même temps, on ne peut s'empêcher, comme le réalisateur, sans doute, d'être subjuguée par cette Ava Oardner en herbe qui, en l'espace d'un plan, suggère la femme qu'elle va devenir. Liv Tyler a 19 ans quand le Festival de Cannes la découvre, en 1996, pour la présentation de « Beauté volée ».Voilà pour la légende. Qui n'est pas exactement conforme à la réalité. L'année précédente, déjà, Liv Tyler était à Cannes.
Certes, elle n'appartenait pas encore à l'aristocratie du Festival, la sélection officielle, celle-là seule qui a le privilège de monter les marches tapissées de moquette rouge, encadrées par des haies de gardes républicains, dephotographes et de fans qui l'appellent «Liv Taylor». En 1995, elle avait fait le voyage avec Debbie Harry (oui, oui, la Debbie Harry de « Blondie»), toutes deux interprètes de « Heavy »,premier film d'un certain James Mangold qui se fit un nom beaucoup plus tard avec «Copland ». Et déjà, quelques journalistes s'étaient penchés sur le cas de cette jeune personne, qualifiée à l'époque par ceux qui l'avaient rencontrée, de «bombe». On peut imaginer aujourd'hui que c'est peut-être le nom de Tyler qui avait déclenché les curieux.Tyler? Comme Steven? Le chanteur d'Aerosmith? Les types qui chantaient « Walk This Way »? Confirmation de l'intéressée: « Oui, oui, c'est mon père. » A la nuance près que jusqu'à l'âge de 9 ans Liv s'appelle Rundgren. Comme Todd Rundgren.
Contes et légendes du Rock'n'roll
Et là, attention, parce que raconter l'histoire de Liv Tyler, c'est basculer aussi sec dans une oertaine histoire du rock. En l'occurrence, une catégorie à part mais florissante, en tout cas aux Etats-Unis: le hard rock. Et, pour reprendre l'hymne de Ian Dury; une histoire de « Sex and Drugs and Rock'n'Roll », dont la flamboyance semble tout à fait éteinte de nos jours, à l'exception des frasques de Pamela Anderson et Tommy Lee. Mais les années 70 marquent le triomphe de la rock 'n'roll attitude: concerts géants, tournées dantesques et, dans le sillage des groupes, toute une petite famille du rock, à commencer par les groupie - Bebe BuelI, la mère de Liv, est l'une d'elles. Mais pas n'importe laquelle, pas le genre, par exemple, à poursuivre Mick Jagger avec une paire de ciseaux pour lui couper de force une mèche de cheveux,non, elle est plus que ça: Bebe Buell est LA groupie de la scène rock new-yorkaise des ces années-là: Iggy Pop, Elvis Costello, Rod Stewart, Mick Jagger,Jolin Lennon, Jimmy Page et Steven Tyler figurent comme autant de trophées à son tableau de chasse. Elle se voit plutôt comme une muse et va même jusqu'à déclarer qu'un Elvis Costello a écrit ses plus belles chansons sous son influence bénéfique. D'où vient-elle? Du magazine « Playboy »,qui a fait d'elle sa Miss Novembre 1974. Ça peut sans doute paraître une peu court, comme CV; mais sa plastique impeccable semble combler les quelques manques. D'une brève liaison avec Steven Tyler naît Livonia, le 1" juillet 1977. Mais, très vite, Bebe comprend que les abus de sub stances diverses de Steve ne cadrent pas avec les qualités requises du père idéal. Elle demande donc à son ex-chéri Todd Rundgren, chanteur du groupe Utopia, de reconnaître sa fille et d'assumer le rôle de père. La décision semble sage, mais, pour autant, la jeune Livonia, de venue Liv, traîne quand même ses basques dans le milieu du rock dès sa plus tendre enfance. Il n'est pas rare, en effet, qu'elle accompagne sa mère un peu partout où se produit Todd Rundgren, qu'elle considère donc comme son père. Lorsqu'un jour... Coup de théâtre digne d'une tragédie antique ou d'un bon soap (tout dépend du point de vue où on se place, je pencherais personnellement pour le soap): la petite Liv, alors âgée de 8 ans, assiste à un conoert de Todd Rundgren, où se produit également Steven Tyler avec son groupe Aerosmith. Rencontre backstage: coup de foudre. C'est vrai qu'il a de la gueule, ce Steve Tyler, avec son grand pif et cette bouche vorace qui n'en finit pas. il a beau faire le zouave dans ses costuines de satin rayé sur scène, il n'en reste pas moins vachement séduisant, sorte de Mick Jagger du hard rock, un Jagger à l'humour féroce et dont la propension à la déconnade serait sans limite, y compris dans le privé. Bon, la gamine rentre à la maison, passablement bouleversée, couvre les murs de sa chambre de posters d'Aerosmith,fait la connaissance de sa demi-soeur Mia, qui, tiens comme c'est bizarre, a la même bouche et le même regard. Livonia n'est pas bête, « Au bout du compte,j 'ai démêlé les fils, et ma mère a fini par avouer», racontera-t-elle plus tard. Coup de théâtre (bis): où notre héroine, âgée de 12 ans, change de patronyme, devient officielle ment Liv Tyler et renoue avec son père.
Beauté volée mais pas voleuse
Fin du conte de fées rock'n'roll et de la chouette histoire de famille dysfonctionnelle. Démarrer en plus une carrière au cinéma (mais aussi accessoirement de mannequin) à l'âge de 19 ans, il y a là de quoi briser une personnalité. Ce n'est pas le cas de LivTyler. Certes, elle a son franc parler, elle ne se laisse pas faire dans les interviews et met vite le holà dès qu'on aborde le chapitre délicat de son histoire familiale, « J'en ai assez de ces questions!» ou encore « En me voyant, les gens ne pensent pas spécialement à mon père, mais plutôt à la possibilité que le succès me transforme en salope insupportable », et se déclare également pour le contrôle de la vente des armes à feu aux Etats Unis, ce qui n'est pas forcément populaire. Mais Liv Tyler n'est pas Courtney Love. Elle ne joue pas les sales gosses et abuse encore moins de son physique bouleversant. Evidemment, Demi Moore ne serait pas de cet avis, elle qui rend Liv Tyler responsable de son divorce avec Bruce Willis, sous prétexte qu'elle les aurait retrouvés ensemble au domicile conjugal, entre deux jours de toumage d'« Ar maggedon », film à très gros budget dans lequel Bruce Willis incarnait le père de la jeune Liv. Les deux intéressés nient énergiquement, mais Demi n'en démord pas. Pourtant, à l'exception de cet épisode, on ne lui connaît pas plus de frasques sentimentales que celles d'une jeune fille de son âge. Elle vient même de se fiancer officiellement avec Royston Langdon, bassiste et chanteur du groupe Spacehog, après une aventure avec Joaquin Phoenix.
Le rôle d'Arwen: une triple oceasion de briller
Avec « le Seigneur des Anneaux», Liv Tyler tient enfin sa chance. D'autant qu'on raconte que Peter Jackson,le réalisateur de ce film tant attendu, adapté d'un roman qui n'a pas fini de faire rêver (ou d'ennuyer profondément, les deux écoles s'affrontent), aurait volontairement étoffé ce qui n'était qu'un deuxième rôle pour les beaux yeux de Liv Tyler. Quand on sait enfin que le film est une trilogie (traduction, on n'a pas fini de parler de Tolkien et on visualise déjà les querelles de spécialistes), il y a fort à parier que Liv Tylér va soudain se faire très présente dans les médias. Mais cette fois, elle tient enfin l'occasion de devenir une superstar, celle qui pourrait faire de l'ombre à Julia Ro berts, Gwyneth Paltrow ou encore Jennifer Lopez. Parce qu'elle a tous les bons côtés de ces trois-là à la fois: le sourire capable de remettre de bonne humeur un Woody Allen grognon, l'intelligence et la distinction liées à ses débuts avec Bertolucci, mais aussi à son goût du film d'auteur avec Robert Altman, et le sex-appeal irrésistible de ses 24 ans, tout ça à la puissance mille. Avec le personnage de Lady Arwen, fille cadette d'Elrond, prête à tout pour gagner le coeur d'Aragom, jusqu'à choisir le statut de simple mortelle, Liv Tyler tient un rôle culte qui n'est pas sans rappeler celui de la princesse Lela, autre princesse d'une autre galaxie. On sait, depuis, le chemin qu'elle a parcouru dans notre imaginaire de cinéma.